Contre-manipulation : conseils pour se protéger d’un manipulateur

Lorsque vous dites « oui » aux autres, assurez-vous que vous ne vous dites pas « non » à vous même!
Paolo Coelho

pantin-mainLe moyen le plus efficace de se protéger d’un manipulateur est de ne plus avoir affaire à lui, de l’éliminer de son entourage, de couper définitivement les ponts! Cependant, ce n’est pas toujours possible. Lorsque le manipulateur ou la manipulatrice est votre époux(se), votre patron, votre collègue de travail, votre père, votre mère, votre frère, votre sœur, votre beau-frère, votre belle-mère… Ce n’est pas si simple. Le contact peut nous être imposé de façon plus ou moins régulière. Dans le meilleur des cas, il faudra au minimum cohabiter le temps de prendre ses dispositions (divorcer, trouver un autre emploi… ). Dans ce cas, il faut mettre en place une stratégie, la contre-manipulation, d’une part pour se protéger et d’autre part pour faire cesser ces agissements.

La contre-manipulation ne relève pas de la manipulation. Il s’agit d’un ensemble de techniques permettant de contre-carrer le manipulateur pour ne pas lui donner prise sur nous. C’est facile à comprendre, beaucoup moins à mettre en application. Cela demande de nous débarrasser de nos vieux réflexes et de nos conditionnements, instaurés depuis notre plus tendre enfance, héritage de notre éducation, de notre milieu socio-culturel… Il faut également être capable d’analyser la situation, être conscient de ce qui se joue, de prendre du recul et de lâcher-prise. Rien que ça! C’est d’autant moins évident lorsque les émotions et les sentiments rentrent en ligne de compte!

Pour autant, il est possible d’apprendre à se positionner différemment, à communiquer autrement, non pas pour manipuler à notre tour, mais pour ne pas donner au manipulateur l’opportunité de s’engouffrer dans une de nos failles émotionnelles mais au contraire qu’il se heurte à notre indifférence, que ses tentatives de manipulation « glissent » sur nous.

Si vous n’arrivez pas à contre-manipuler du premier coup, ne vous découragez surtout pas! J’ai même envie de dire : « Tant mieux! ». C’est la preuve que vous ne fonctionnez pas comme le manipulateur, que ce mode de fonctionnement n’est pas inné chez vous! Bonne nouvelle : vous n’êtes pas un(e) manipulateur(trice)!

Ne lâchez rien! Avec de l’entraînement, vous y arriverez de mieux en mieux! Une petite victoire à chaque fois vous permettra doucement de retrouver confiance en vous! Confiance systématiquement et parfois profondément mise à mal par le manipulateur…

L’une des principales armes du manipulateur est l’usage de la « technique du
brouillard ».
Il utilise volontairement un langage flou et artificiel.
Dans une communication ordinaire, le but est bien évidemment d’échanger des idées
claires et précises, de comprendre et de se faire comprendre. Le manipulateur ne
partage pas du tout ce point de vue. Comment procède-t-il et pourquoi?

  • Il ne termine pas ses phrases et utilise volontairement des formulations ou des mots ambiguës qui peuvent avoir plusieurs sens.
    En manquant de clarté, il nous laisse interpréter ses propos. Ainsi, le manipulateur peut changer d’avis à sa guise sans que son jeu ne soit découvert. Il pourra toujours répondre « Je n’ai jamais dit cela! Tu inventes! Tu as mal compris! », « C’est toujours pareil avec toi! Tu ne comprends jamais rien! Tu interprètes mes propos comme ça t’arrange! Tu prends tes désirs pour des réalités! »…
    Il pourra même aller encore plus loin, avec une mauvaise foi inébranlable, en rejetant les accusations sur vous et/ou vous faisant passer pour fou/folle : « Je n’ai jamais dit cela! Tu es FOLLE ma pauvre! ».
    C’est une manière de se déresponsabiliser. Ses dires, ses promesses ne l’engagent à rien. Il peut vous faire miroiter monts et merveilles, passer pour quelqu’un de généreux et bienveillant à votre égard, afin obtenir ce qu’il souhaite (vos faveurs, un service, de l’argent…), sans jamais avoir l’intention de tenir parole.
    Enfin, le flou provoque un genre de mystère autour du manipulateur, qui peut parfois séduire certaines personnes.
  • Il peut aussi employer un vocabulaire très spécifique ou très « cultivé » incompréhensible pour les non-initiés ou pour une personne issue d’un autre milieu socio-culturel. Ceci est fait exprès dans le but précisément d’être incompréhensible. Embarrassés, nous n’oserons pas dévoiler notre (soi-disant) ignorance. De cette façon, le manipulateur nous rabaisse intellectuellement, nous dévalorise à nos propres yeux et au regard des autres. Il impose ainsi son autorité et nous maintien sous sa coupe. Il se donne de l’importance et du pouvoir, nous imposant le rôle de la « potiche » ou de « faire-valoir » à ses côtés.

Communiquer avec un manipulateur, c’est donc une épreuve. Nous devons rester sur nos gardes et être vigilants en permanence.
Refuser la manipulation, c’est aussi accepter de passer pour une « mauvaise fille », un « mari égoïste » ou un « collègue difficile ». Il faut donc renoncer à une image idéale de soi. Vous y parviendrez en prenant conscience de votre valeur. Et cela se travaille. Vous deviendrez peut-être moins « aimable » aux yeux du manipulateur, mais en vous libérant de ce regard extérieur, vous gagnerez un bien précieux : votre liberté!

1> La première étape pour pouvoir contre-carrer un manipulateur c’est de retrouver confiance en soi, de restaurer l’estime de soi que le manipulateur s’est évertué à démolir. Ensuite, il faut être capable d’identifier les tentatives de manipulation.

  • Comprenez quels sont les outils privilégiés du manipulateur qui lui permette d’atteindre rapidement son but.
    Cessez de culpabiliser et arrêtez de croire que vous êtes responsable! Comprenez que les fautes qu’il vous impute sont imaginaires. Vous pousser à la faute est son objectif. Ne craquez pas. Il jubilerait!
  • Bétonnez-vous! Imaginez qu’il ne peut rien contre vous, qu’il n’a aucune prise sur vous. Pour le désacraliser donnez lui un surnom, à la hauteur de ce qu’il est : « Le poison », « La guêpe », « L’araignée », « Le vampire », « Le monstre », « Le microbe », « Le minus »… Soyez créatif ! Plus ce sera drôle, moins vous aurez peur de lui !
    Si son numéro est dans votre agenda téléphonique, désignez-le sous ce surnom. Ainsi, chaque fois que votre téléphone sonnera, cela vous rappellera immédiatement de rester sur vos gardes afin de ne pas tomber dans le piège de sa manipulation.
    Un autre moyen efficace. Prenez sa photo ou écrivez son nom sur une feuille. Collez-là sur un vieux coussin que vous pourrez utiliser comme puching ball ou piétiner à volonté pour vous défouler et expulser cette colère transmise…£
  • Analysez froidement les faits, rien que les faits. Prenez du recul pour réfléchir. Ne laissez pas les émotions affectives prendre le dessus. Relativisez !
  • Faites confiance à votre ressenti. Votre instinct est votre allié. Il n’y a pas de raison que vous ressentiez des sensations désagréables, de culpabilité, de peur, de mal-être, de frustration… en présence d’une personne bienveillante!
  • Identifiez le chantage affectif dès que la personne insiste au nom d’un « lien » alors que vous refusez avec des arguments valables. Surtout si cela va à l’encontre du respect de vos besoins et désirs. Respectez-vous! Et faites-vous respecter.
  • Détectez la manipulation dès que l’interlocuteur se positionne en victime pour faire appel à vos sentiments ou à votre pitié pour vous faire céder.
  • Prenez conscience de la manœuvre affective dès qu’une menace, clairement formulée ou sous-entendue, apparaît dans le discours de l’autre : menace de séparation, de punition, de remplacement, de suicide… Attention, la menace est souvent implicite. C’est une arme de choix face à la personne manipulée et bienveillante qui manque généralement de confiance en elle!
  • Gardez à l’esprit que le mensonge ne pose aucun problème au manipulateur. Il peut prendre des formes détournées, plus sournoises : mauvaise foi, information partielle, changement d’opinion sans scrupule…
  • Essayez de ne pas rester seul avec le manipulateur. Faire en sorte d’être toujours entouré de témoins. D’une part, cela limite l’action du manipulateur qui prend soin de son image de marque en public. D’autre part, dans certains contextes, ces personnes pourront éventuellement témoigner (Prud’hommes, divorce, tribunal…).
  • Si la manipulation intervient dans le cadre professionnel, munissez-vous d’un calepin ou d’un agenda et notez tout ce que le manipulateur vous demande de faire et relisez-le à voix haute devant lui.
    Une solution encore plus fiable afin d’éviter les contestations futures : le mail. Laissez des traces le plus précises possible. Récapitulez point par point ce qui vous a été demandé. Faites-le valider.
    « Suite à votre demande/à notre conversation, je vous informe/je vous confirme que… »
    « Merci de me confirmer votre volonté de… »
    « Faisant suite à votre demande… »
    « Voici la liste de ce que vous m’avez demandé. Pourriez-vous m’indiqué si je n’ai rien omis, svp ».
    Qui ne dit mot consent. Même sans réponse, vous êtes protégé.
    Prenez soin d’imprimer ces mails et de les emporter chez vous.

2 > Une fois que vous êtes capable de reconnaître chaque tentative de manipulation, réagissez SYSTÉMATIQUEMENT. Ne laissez rien passer! Il faut répliquer du tac au tac à chaque remarque, mais sans agressivité. En réagissant ainsi, vous montrez que vous n’êtes pas dupe. Le manipulateur comprendra vite à qui il a affaire et usera de sa manipulation sur quelqu’un d’autre.

3 > Il faut lever les flous, chasser le brouillard.
Chaque fois qu’un manipulateur essaye de rester dans le flou, il faut l’obliger à être clair, à préciser sa pensée :

  • Le manipulateur fait des phrases évasives ou ambiguës : reformulez sa phrase et demandez lui de valider :  » C’est bien ça que tu est en train de me dire? « ,  » Si je comprends bien, tu me dis que… » …
  • Le manipulateur fait des sous-entendus : demandez lui d’être précis : » Tu veux dire quoi exactement? « ,  » Je ne comprends pas, pourrais-tu préciser ta pensée? »…
  • Le manipulateur ne s’engage pas. Faites lui prendre position au fur et à mesure : « Concrètement, qu’est-ce que tu vas faire ? ».
  • Le manipulateur détourne les conversations et finit pas vous égarer : revenez au vrai sujet de la conversation : « Ma question initiale était …, mais je crois que tu n’y as pas encore répondu. J’aimerais que tu y répondes maintenant ».

4 > Vous ne devez plus lui laisser l’opportunité d’avoir de prise sur vous. Il vaut mieux éviter toute discussion avec un manipulateur ou s’en tenir aux banalités d’usage, la pluie, le beau temps… Il faut impérativement éviter de vous confier à lui/elle, même si depuis quelques temps, il/elle vous paraît plus agréable. A travers ce que vous allez lui dire, même concernant les choses les plus anodines, le manipulateur puise une foule d’informations (ce que vous aimez, ce qui vous touche, ce qui vous tient à cœur, comment vous fonctionnez…) qu’il pourra utiliser plus tard contre vous, pour vous déstabiliser, vous rabaisser ou vous culpabiliser.

Ne parlez jamais de vos émotions! Faites des phrases courtes. Utilisez des phrases toutes faites, les proverbes et les principes. Comme lui, restez dans le flou. Utilisez le « on », plus général, qui ne vous implique pas directement. Faites de l’humour ou de l’auto-dérision dès que le contexte s’y prête. Souriez, surtout en fin de phrase. Montrez vous détaché. Evitez l’agressivité. Restez toujours poli et courtois même si vous enragez au fond de vous! S’il le voit, il a gagné! Gardez toujours cela à l’esprit. N’entrez pas dans la discussion si elle ne mène à rien ou à la dévalorisation. Utilisez l’ironie seulement si vous renvoyez un message et si vous êtes sûr de vous. Ne vous justifiez pas ! Vous défendre ou tenter de lui faire entendre raison donne prise au manipulateur. Lorsque le manipulateur détourne le sujet, revenez-y immédiatement. Feignez verbalement l’indifférence, le but étant de vous protéger, en ne réagissant pas à ses provocations :

C’est votre opinion… Vous (on) pouvez (peut) le penser…
Vous (on) pouvez (peut) le croire…
C’est une (votre) interprétation… Vous (on) pouvez (peut) le voir sous cet angle…
Vous le voyez (prenez) comme vous voulez… Vous avez le droit de le penser…
Je peux vous dire oui si c’est ce que vous voulez entendre… Si vous le dites…
Si vous le pensez… C’est une façon de voir…
Oh ! On parle souvent de choses que l’on ne connaît pas…
Vous ne voyez qu’une partie des choses, c’est normal…
Quand on ne sait pas, on peut toujours se l’imaginer…
Vous pouvez vous l’imaginer…
J’ai une opinion différente… C’est possible… C’est possible, pour vous/toi… C’est vrai…
C’est exact… N’est-ce pas !?… Cela peut arriver… Je n’ai pas le don de voyant…
Il faut savoir l’être parfois… Et encore, vous ne savez pas tout…
J’ai dû prendre modèle sur quelqu’un…
Cela m’amuse de faire comme tout le monde justement…
Tout le monde le sait… Cela dépend… Ce n’est pas moi qui en parle apparemment…
C’est trop facile… Cela ne prend pas à tous les coups…
J’aime l’originalité… Et oui ! Je ne fais rien comme tout le monde…
Cela fait mon charme…
Tout le monde ne pense pas comme toi… Je ne suis pas de cet avis…
Chacun ses goûts !

Ces expressions répertoriées sont des réponses de protection contre de situations ou remarques manipulatrices issues du livre d’Isabelle Nazare-Aga, « Les manipulateurs sont parmi nous », Editions de l’Homme, 2005.

5 > Vous devez apprendre à dire non, sans vous justifier.
Pour vous y aider, vous pouvez utiliser la technique du disque rayé. Cette technique est redoutable pour commencer à s’affirmer. Elle peut être utilisée pour une demande comme pour un refus. Ce n’est pas parce que vous refusez UNE fois que l’autre ne va pas vous relancer. Cela consiste donc à répéter la même phrase, calmement et patiemment, à chaque fois que le manipulateur insiste, jusqu’à ce qu’il abandonne. Cette phrase, c’est par exemple :  » Je comprends bien, mais c’est non « , tout simplement.

Les règles d’or pour que cette technique fonctionne :

• Rester calme. Les phrases doivent être reformulées de façon toujours plus gentilles, mais fermes. Il ne faut pas s’énerver et ne jamais employer ni agressivité, ni ironie.

• Il faut adapter la répétition. Reformuler sa demande ou son refus pour que le manipulateur n’ai pas l’impression que vous vous moquez de lui.

• Garder le cap. Ne pas dériver, se justifier ou en dire trop. Ne craquez pas! En vous justifiant vous pourriez donner des arguments à votre interlocuteur pour vous déstabiliser.

6 > Vous devez contrôler vos émotions
Le manipulateur cherche à vous déstabiliser en vous faisant ressentir des émotions désagréables : culpabilité, honte, peur…
Face au manipulateur le contrôle de soi est nécessaire. C’est sans doute ce qu’il y a de plus difficile. Il ne doit pas sentir que ses propos ont un impact sur vous. Essayez de voir clair dans son jeu et ne vous laissez pas abuser. Même si vous êtes déstabilisé, le manipulateur ne doit pas s’en rendre compte. Prenez du recul et jouez l’indifférence. Analysez ces sentiments déplaisants que vous ressentez sous l’effet de la manipulation. Tenez bon et prenez votre décision sans tenir compte de ces émotions.

7 >Dénoncez son comportement en public
Vous remarquerez que le manipulateur agit rarement en public. Ou alors de manière tellement fine et insidieuse que personne ne verra la perfidie dissimulée derrière ses propos. En société, le manipulateur passe généralement pour quelqu’un de charmant, y compris avec vous. Il en va de son image qu’il tient absolument à préserver intacte. C’est l’époux(se) idéal(e), le parent attentif et attentionné… Généralement la manipulation se manifeste plutôt en privé, rarement devant témoins. Ce qui rend la manipulation d’autant plus difficile à prouver.

Si le manipulateur agit en public, une astuce pour qu’il vous laisse en paix, c’est de mettre sa manipulation en évidence devant tout le monde : « Tu cherches à me faire culpabiliser ? Tu sais comment cela s’appelle ? De la manipulation ! », « Tu essaies de me faire peur ? Tu tentes de me manipuler ? ». Le manipulateur sera fâché, mais il prendra peur, aussi. Et pour éviter que ses techniques de manipulation soient publiquement mises à jour, il abandonnera la manipulation sur vous.

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Exemple au sein du couple : Lors d’une soirée entre amis, vous êtes victime d’une attaque verbale de la part de votre conjoint. Il attend que votre assiette soit bien remplie pour lancer : « Je ne comprends pas pourquoi depuis 3 mois qu’elle est au régime, elle n’a pas perdu un gramme!? ». L’agression est dissimulée sous cette remarque formulée à demi-mots, de façon insidieuse et indirecte, puisqu’il ne s’adresse pas directement à vous. Cette formulation passera totalement inaperçue aux yeux de vos hôtes. En général, les témoins ne sont  pas à même de mesurer les enjeux, ni de décrypter qu’une phrase en apparence anodine camoufle en réalité une flèche assassine. Vous, vous savez qu’il essaie de vous déstabiliser, de vous mettre mal à l’aise et de vous culpabiliser sur votre surpoids. 

Résultat : votre réaction est immédiate. C’est la n-ième fois qu’il s’en prend à vous de cette manière. Poussée à bout, vous sortez de vos gongs, ce qui conduit à la dispute fatale. Blessée et pour préserver votre amour-propre, vous risquez de crier. C’est ce qu’il souhaite. Maintenant, il peut ouvertement vous taxer d’hystérique, de folle furieuse et montrer votre violence du doigt (alors qu’il a porté le premier coup!). Choquée, ridiculisée et humiliée, vous n’avez pas pu empêcher la colère de monter. Il a gagné ! Vous passez pour ce que vous n’êtes pas. Il pourra même se faire passer pour la victime qui subit votre mauvais caractère et votre tempérament impulsif à longueur de temps !

Réactions en contre-manipulation :
Il ne doit pas sentir que vous êtes blessée.

> L’humour décalé, 2d degré et légèreté, sourire, rire, tourner les choses à votre avantage : « Mes rondeurs font tout mon charme! Certains hommes apprécient! »
> Très calmement, souriante, mais un peu ironique, l’obliger à se dévoiler, l’inciter à se « mouiller » dans ses propos : « C’est quoi ton but? Tu cherches à me faire culpabiliser? A me mettre mal à l’aise face à nos amis? ».

Exemple avec votre mère ou votre belle-mère :
Vous n’avez pas eu d’autre choix que de confier vos enfants quelques heures à votre mère (ou à votre belle-mère, adaptez suivant votre cas). A peine arrivée pour les récupérer, vos enfants, fous de joie, commencent à se faire remarquer et à s’agiter. Classique! Il ne faut pas attendre longtemps pour entendre : « Avec moi, ils sont très sages! Dès que tu arrives, c’est systématiquement la foire! », sous-entendu que vous n’avez aucune autorité sur eux, que vous leur laissez tout faire… Vous serrez votre poing dans la poche. Vous n’allez pas vous disputer dès arrivée. Mais la suite arrive rapidement : « Tu dis toujours qu’ils n’aiment pas les légumes. Avec moi, ils ont mangé une pleine assiette de haricots verts! », sous-entendu que vous ne savez pas vous y prendre avec eux. La tension monte encore d’un cran, mais vous arrivez encore à vous maîtriser. Plus pour longtemps… Alors que le matin même, vous avez déposé vos enfants à l’école propres comme des sous neufs, vous découvrez une ouverture béante à l’extrémité des chaussures de votre ainé. « Tout de même, tu n’as pas honte de les mettre à l’école avec des baskets dans cet état? Mamie vous amènera en acheter des neufs la prochaine fois! », sous-entendu que vous êtes une mère laxiste, qui n’est décidément à la hauteur à aucun niveau et surtout, surtout, elle met sa propre « générosité » en valeur. Et là, naturellement vous finissez par exploser! C’était son but, il est atteint!
« Tu es mauvaise! Regarde comme tu me traîtres! Avec tout ce que je fais pour toi! Je ne mérite pas cela! Ce n’est pas étonnant que les enfants aient du mal à se contrôler avec leurs camarades avec l’exemple que tu leur donnes! »…
Et j’ai omis les « si j’étais toi, je ferai comme ça », « à ta place, je n’aurai pas fait comme ça, j’aurai fait autrement »…

Quel est le but de votre mère ou de votre belle-mère? Traquer toutes vos incompétences, réelles ou supposées, afin de vous dévaloriser dans votre rôle de mère. La mère c’est elle! Et il est hors de question qu’elle soit détrônée!!! Puisqu’elle vous démontre, jour après jour, que vous êtes une incapable et que, petit à petit, vous allez perdre toute confiance en vos capacités, vous resterez bien sagement une petite fille soumise (ou elle pourra garder la main-mise sur son fils, dans le cas de la belle-mère). Ainsi, elle conserve toute son autorité et son emprise sur vous!!!
Le fait de vous rabaisser est aussi un moyen de se mettre, elle, en valeur par effet de comparaison! Elle vous signifie que quoi que vous fassiez, vous ne lui arriverez jamais à la cheville.
Enfin, en vous poussant dans vos derniers retranchements, alors que vous vous débattez pour vous justifier et vous défendre de ses attaques en haussant maladroitement le ton, elle s’octroie de plein droit le rôle de pauvre victime et vous propulse du même coup dans le rôle de bourreau!

Réactions en contre-manipulation :
Très calmement, souriante
> la version ironique : « Heureusement qu’ils ont une grand-mère aussi parfaite pour palier les innombrables incompétences de leur mère! Qu’est-ce qu’on ferait sans toi!!! ».
> l’obliger à se dévoiler : « Tu essaies de me dire que je ne suis pas capable de faire ce qu’il faut pour mes enfants? Quelles sont tes intentions, me culpabiliser ou me dévaloriser devant mes enfants?

 J’espère que ces conseils vous seront utiles.

Comment fonctionne la manipulation

trh_manipulation_artwork1_wide-b3b9648e2f6fb9a829cc1d800adf7dada2e5f57e.jpgLa manipulation est assez courante. 97% d’entre-nous l’utilisent ponctuellement pour obtenir ce dont ils ont besoin ou envie, de façon plus ou moins consciente. Il n’y a rien d’inquiétant à cela. C’est un peu comme le mensonge. Qui n’a jamais menti? En revanche, pour les 3% restants, la manipulation est une stratégie systématique, un acte délibéré, qui procure au manipulateur une sensation de pouvoir, d’emprise, qui rassure son narcissisme défaillant. Là, on bascule dans la pathologie.

Le manipulateur va amener, de façon subtile, une personne à faire quelque chose qu’elle n’a pas l’intention de faire, sans qu’elle s’en rende compte. La poussant parfois, à aller à l’encontre de ses propres besoins, de ses propres aspirations, de ses valeurs, de ses convictions profondes… Cela peut parfois aller très loin.

Le manipulateur, pour arriver à se fins, provoque chez sa victime  des émotions désagréables : peur, culpabilité, dévalorisation, tristesse… Sous l’effet de ces sensations, la victime va se sentir obligée de répondre positivement à la demande, souvent à contre-cœur, mais sans pouvoir faire autrement. La prise de conscience de la manipulation vient souvent lorsqu’on commence à s’interroger sur ces émotions. Mais la plupart du temps, la victime de manipulateur n’a pas conscience de cette mécanique.

Il faut être deux pour que la manipulation fonctionne : le manipulateur et le manipulé. Si la personne manipulée prend conscience des manipulations et décide de s’en affranchir, elle peut déjouer les pièges du manipulateur et cesser d’être une victime. C’est extrêmement compliqué, mais pas insurmontable! (voir l’article suivant).

Comment fonctionne la manipulation ?

Le manipulateur a la capacité innée de « scanner » les personnalités en un éclair. Il est capable de détecter les failles psychologiques d’une personne en un temps record. Le principe est donc simple : le manipulateur va s’engouffrer subtilement dans cette faille, touchant la corde sensible de sa victime, provoquant ainsi une douleur intérieure chez elle.

Soit le manipulateur provoque un sentiment désagréable suggérant des conséquences déplaisantes : culpabilité, pitié, peur, tristesse… Soit au contraire, il va flatter sa victime et lui montrer l’immensité de son affection afin qu’elle ne puisse rien lui refuser de peur de le décevoir et de ne plus être apprécié par lui!

Susan Forward distingue quatre types de « manipulateur » :
le bourreau qui menace de vous punir : « Si tu me quittes, tu ne verras plus les enfants ».
le flagellant qui retourne la menace contre lui-même : « Si tu me quittes, je me suicide ».
le martyr ou l’éternelle victime qui brandit sa souffrance : « Comment peux-tu faire cela à ta pauvre mère ? Avec tout ce que je fais pour toi! »
le marchand de faux espoirs qui vous fait miroiter un avenir prometteur si vous répondez à sa requête : « Si tu acceptes de monter cette affaire avec moi, tu gagneras énormément d’argent ».
Je rajouterai le Pervers Narcissique Manipulateur capable d’utiliser l’ensemble de cette palette. Il fera l’objet d’un article spécifique.

Parmi les nombreuses techniques utilisées par le manipulateur, Isabelle Nazare-Aga nous explique la méthode très fréquente du « Cadeau piégé ». Par une utilisation abusive du principe de réciprocité (par ailleurs indispensable à une bonne cohésion sociale), le « donneur » maintient le « receveur » dans une position de débiteur. Le marché implicite est le suivant : « puisque je t’ai donné ceci, j’ai le droit d’exiger en retour cela ». Comment dire non à une personne si « gentille »? Le problème est que le donneur choisit quand et comment le receveur doit lui rendre la monnaie de sa pièce.

Pourquoi sommes nous manipulables ?

Pourquoi est-il si difficile pour la personne manipulée de réagir sainement ? « Parce que le manipulateur utilise des croyances familiales et sociales afin d’induire chez sa victime un lourd sentiment de faute morale », explique Isabelle Nazare-Aga.

Exemples de croyances types : les enfants sont débiteurs de leurs parents (parce que ces derniers leur ont donné la vie, parce qu’ils se sont « sacrifiés » pour eux, etc.), c’est dans le malheur que l’on reconnaît ses vrais amis…

La culpabilité qu’instille le manipulateur dans l’esprit de sa victime détériore l’image positive de cette dernière. Abandon, égoïsme, injustice, trahison sont les points sensibles sur lesquels le manipulateur appuie dans l’intention de faire mal. Il procède souvent par insinuation. Il n’exprime jamais une demande claire et vous réduit à l’impuissance. Exemple : une mère malade, toussant très fort au téléphone, s’arrange pour glisser sur un ton plaintif à sa fille qu’elle ne mange plus depuis trois jours parce qu’elle n’a pas le courage de faire ses courses. Mais, surtout, elle ne demande rien…

Quand la victime n’a pas conscience de la manipulation, elle se laisse naturellement manipuler. En cédant, elle espère mettre cette souffrance intérieure que le manipulateur a créée en elle et pense ainsi échapper à des conséquences fâcheuses.

Lorsque la victime a conscience de la manipulation, elle a deux choix possibles :

  • elle peut refuser la manipulation et alors subir les sentiments et les conséquences pénibles que cela implique.
  • ou bien elle peut accepter de se laisser manipuler, ce qui semble plus facile à court terme et à priori moins désagréable.

Quelques exemples :
• Face à votre colère, le manipulateur va se mettre à pleurer pour vous attendrir. Vous culpabilisez d’être à l’origine de sa peine, vous avez pitié de sa soi-disant détresse… Vous pensez avoir été trop dur. Vous ne supportez pas de le voir pleurerVous cédez!
• Il/elle vous fait une scène en public et hurle. Par gêne et par honte, vous cédez pour ne plus l’entendre crier! A court terme, c’est la solution la plus facile et la plus rapide (cas très fréquent avec les enfants dans les magasins).
• Il/elle vous culpabilise : « A cause de toi, je… ». Vous vous sentez coupable et responsable de ce qui lui arrive. Vous préférez vous excuser plutôt que ressentir cette culpabilité. Vous cédez!
• Il/elle boude. Vous souffrez de ce silence, vous cédez!
• Il vous flatte. Vous avez accepté ses compliments et vous souhaitez qu’il continue à vous apprécier. Il vous serait insupportable de le décevoir, vous préférez faire ce qu’il vous demande.

Bien sûr, accepter une manipulation, c’est penser à court terme. Car le manipulateur saura que la manipulation fonctionne sur nous. Alors il recommencera. Encore. Et encore. En sa compagnie, nous ressentirons des sentiments désagréables et pénibles de façon quasi permanente. Nous culpabiliserons, nous serons tristes, nous aurons peur, nous nous découragerons… A long terme, les conséquences de la manipulation sont bien plus néfastes. 

Si nous ne pouvons couper les ponts définitivement avec un manipulateur. La seule solution est d’apprendre à s’en protéger et à s’affirmer face à lui.

Violences conjugales : les chiffres

afficheviolencesfaitesauxfemmesUn rapport du Conseil de l’Europe (2008) mentionne que « la violence conjugale serait la principale cause de décès et d’invalidité des femmes de 16 à 44 ans, bien devant le cancer, les accidents de la route et la guerre ». Une étude, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur et rendue public en 2008 par le secrétariat d’État à la solidarité, dénombre, pour l’année 2007, que 192 homicides ont été commis au sein du couple. Cette étude a mis en exergue que:

 

 

  • En 2007 l’incidence de l’homicide conjugal sur la population générale en France a été de l’ordre de 0,0005 % pour une femme et de l’ordre de 0,0001 % pour un homme, soit un décès tous les 2,5 jours pour les femmes et tous les 13 jours pour les hommes. 
  • la majorité des homicides ont lieu dans les couples dont la situation matrimoniale est établie.
  • la séparation est le mobile principal du passage à l’acte (35 %).
  • cette violence s’exerçant dans le cadre familial entraîne des victimes collatérales, en général les enfants.

Selon l’Étude nationale sur les décès au sein du couple, menée par la délégation aux victimes du ministère de l’intérieur, 146 femmes et 28 hommes ont été tués en 2010 par leur compagnon ou compagne.

  • 18 % de toutes les morts violentes recensées en France et dans lesquelles l’auteur a été identifié ont eu lieu dans le cadre du couple.
  • 35 % des crimes conjugaux sont liés à la séparation (commission par des « ex » ou séparation en cours)
  • 34 % des auteurs d’homicides, uniquement masculins, se sont suicidés après leur acte.
  • En France une femme a une probabilité de mourir sous les coups de son compagnon de l’ordre de 0,0005 %, soit un décès tous les 2.5 jours.
  • En France un homme a une probabilité de mourir sous les coups de sa compagne de l’ordre de 0,0001 % soit un décès tous les 13 jours.

Chaque année, en moyenne 146 femmes meurent sous les coups de leur (ex-)compagnon. Mais combien ne sont pas prises en compte : le décès survenant après une maladie, un suicide, un accident « inévitable » ?

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